La grande ourse, une clé pour les portes

Tous les astrologues et la plupart des occultistes accordent énormément d’attention aux planètes, au soleil, à la lune et aux douze constellations du zodiaque. On ne conçoit que fort mal de nos jours l’énorme importance qu’avait la plus familière des constellations de l’hémisphère nord : la grande Ourse, et l’astérisme (En astronomie, un astérisme est une figure remarquable dessinée par des étoiles particulièrement brillantes) qui en fait partie : la (grande) cuillère du Nord.

Alors que les planètes, les astres et le zodiaque étaient utilisés comme une sorte d’horloge cosmique, utiles pour donner l’heure macrocosmique et pour prédire les événements à venir, la Grande Ourse avait un tout autre rôle : c’était le moyen utilisé par l’initié pour entrer dans le monde surnaturel. C’était la porte vers l’autre monde.

Pour les Egyptiens, la Grande Ourse (ou la constellation de la Cuisse de Taureau, comme ils la nommaient) ordonnait l’univers, indiquait la bonne direction aux points cardinaux arrangeait les saisons. C’était le cœur de l’horloge cosmique, le véritable être du macrocosme. C’était l’origine de la vie. La porte qui s’ouvre sur plus grand que nous.

Cette attitude n’est sans doute nulle part aussi dominante que dans les écrits des sages chinois antiques, les initiés taoïstes qui ont développé des techniques complexes afin de franchir cette porte et pour s’aligner sur son pouvoir.

Afin de mieux saisir l’importance de la Grande Ourse,  il nous faut tout d’abord examiner les écrits des textes anciens.  

Les sages taoïstes comprenaient qu’un axe horizontal traversait la Terre et qu’un axe vertical allait de la terre au ciel.

Comme les Sumériens dont la civilisation était encore plus ancienne que celle des Chinois, ils croyaient à une polarité cosmique du Ciel et de la Terre qui allaient jusqu’à inclure le corps humain lui-même. Nos propres corps composés, des aspects physiques et mentaux tels que nous les comprenons aujourd’hui, étaient nommés les corps yin.

Nous les avons reçus à notre naissance, de manière passive. Ils fonctionnent de façon automatique sans que nous intervenions consciemment.

D’une certaine manière, ils sont l’ardoise sur laquelle sera écrite notre vie. Le corps yin subit les pressions de l’hérédité, de la société et de l’environnement. C’est la table carrée de la terre. C’est notre identité au niveau organique comme aurait pu le formuler Freud.

Le but des pratiques méditatives et magiques taoïstes est la création d’un corps yang (inorganique) un corps mystique, sacré doté de l’immortalité et de pouvoirs magiques.

Beaucoup de lecteurs y reconnaitront le corps astral ou subtil des théosophistes et plus récents des magiciens d’un certain ordre bien connu.

Mais la différence entre l’ancien concept taoïste et la version, occidental de ce nouvel ordre est fondamentale : pour les taoïstes il n’y a pas d’immortalité sans la création consciente d’un tel corps yang.

En d’autre termes, la vaste majorité des êtres humains meurent de manière irrémédiable dans cette vision du monde : pas de paradis, pas d’enfer, RIEN. L’existence après la mort est impossible sans la création de sa propre âme personnelle.

Bien sûr le temps passant et les concepts bouddhistes étant introduits en Chine, l’idée de la réincarnation a fait son chemin et le bouddhisme et le taoïsme ont commencé à être pratiqués, tout d’abord parallèlement puis ensemble puis mêlés en une foi unique.

A force, la création du corps yang finit par être vue comme quelque chose d’autre que l’esprit (qui pouvait après tout se réincarner après la mort) et se rapprocha de ce qu’en occident on pouvait qualifier de corps astral, le moteur d’un pouvoir et d’un savoir occultes.

Si on demandait à des spécialistes de définir le dénominateur commun entre les rituels de la croix kabbalistique, du bannissement inférieur du pentagramme, celui de l’hexagone de l’étoile du rubis… ils parviendraient à une conclusion évidente, référence est constamment faite à une étoile qui brille au dessus du magicien et dont les rayons bénéfiques déversent sur le pratiquant la lumière et la puissance.

Ce tronc commun de méditation sur une étoile du ciel métaphorique, serait très familier à un taoïste opérant au 1 er siècle de notre ère. Pour lui cette étoile ne pouvait que se trouver dans la plus grande de toutes les constellations la Grande Ourse avec son astre compagnon l’étoile polaire.

La constellation descendant des cieux pour se placer devant, derrière et autour du magicien, la Grande Ourse est le passage vers le monde souterrain, le champ de transformation créatrice, le chemin du voyage céleste. C’est aussi une puissance protectrice qui protège le praticien de toutes sortes d’influences démoniaques qui ne manqueraient pas d’être attirées par ses études et ses rituels occultes.

Pour les anciens chinois la direction sacrée est celle qu’indique l’ours qui pend par la queue dans le ciel car c’est là que le manche de la Grande Ourse indique le sud et que sa partie creuse indique le nord.

Les anciens savaient qu’il existait une relation entre le champ et les pôles terrestres et les positions des étoiles.

Si on positionnait avec soin les portes les murs et les autels du temple alors une porte s’ouvrait dans ce monde qui permettait d’entrer en contact avec l’autre monde et les voies des dieux étaient connues sur terre et leur puissance pouvait être maitrisée.

Le fait que les égyptiens et les chinois de l’ancien temps aient façonné un outil à base de fer ayant la forme de la grande ourse, signifie bien qu’un tronc commun de connaissance occulte existait et qu’il a été perdu à notre époque. (Boussole divinatoire chinoise en forme de grande ourse avec la queue en direction du sud et herminette égyptienne).